Du 10 au 14 décembre 2021
Présentation.
Professionnellement et passionnément : Accompagnateur en Montagne et Jardinier Paysagiste.
Né en 1989 à Lancrans dans l’Ain, je navigue dans les montagnes depuis de nombreuses années. De manière sportive et naturaliste sur les crêtes du Jura puis dans les Alpes au sens large. Escalade, vélo rando, randonnée du vertige, ski de rando, randonnée raquettes.

J’ai voyagé au long cours en Asie et Nouvelle Zélande sac au dos à la découverte du vivant, et l’envie de guider des randonnées pour observer, arpenter le paysage est patiemment devenue une réalité.
Aujourd’ hui je vais en montagne de manière plutôt naturaliste. Je prends le temps d’herboriser de déterminer, d’observer les adaptations des espèces face au climat, la météo, l’altitude, le tourisme, l’agro pastoralisme et le loup.
J’ai des connaissances variées pour vous conter des histoires sur les habitants (inter-espèces) des territoires que nous traverserons. Mon domaine de prédilection étant quand même le monde végétal.
Mes sources d’inspirations durant ce trip sont : Jean Henri Fabre un naturaliste hors pair, Jean Alfredo Albert un concept de paysagiste qui à le coup de crayon et l’oeil acide et vrai…
Je suis originaire de Lancrans ,petit village qui culmine avec le Crêt de la Goutte 1621m plus haut sommet du Jura Sud. J’aime aller là bas pour passer quelques jours en forêt ou en cabane pour me retrouver. Pourquoi à skis et pas en raquettes? Là haut, il y a des pentes à ‘tracer’ et le plaisir de la glisse en solo est vraiment grisant. Les raquettes sont des outils formidables pour d’autres itinéraires. Je décide de partir en train car c ‘est plus pratique, pas de stationnement, moins cher que la voiture et bien plus en cohérence pour une sortie naturaliste!
Je décide d’aller skier sur les crêtes de la réserve du Haut Jura. Je prépare mon sac avec un choix particulier au climat hivernal, une itinerance à skis et à mon itinéraire avec du dénivelé.
Ci après un récit brut, d’une tranche de vie, un moment en montagne inédit par les mésaventures, particulier par les personnes rencontrées, mais comme d’habitude il faut en tirer le meilleur et se rappeler de la brieveté de la vie alors amusons nous! J’aime cet imprévue qui fait que chaque voyage est unique.
JOUR 1
Le 10/12/2021 dénivelé 1080+ 0-
6h30 Réveil. Il neige dehors le chasse neige n’est pas passé. Un copain me descend à la gare, il a du retard mais peu importe.
12h00 attente en gare de Chambéry. Les voyageurs en attente avec les pigeons ramiers qui grattent quelques miettes de sandwich triangle sous plastique.

13H13 c’est parti. La voie longe le lac du Bourget, magnifique lac avec des falaises qui plongent dedans. Les voies d’escalade sont très prisées ici en été ! (lien ).
14h30 Bellegarde sur Valserine, je ne suis pas en avance, mais j’ai le temps, c’est le luxe du voyageur. Je traverse avec les chaussures de ski aux pieds, la gare et je sors rapidement de la ville.
14H45 Je commence la rando skis aux pieds, Oui, il neige aujourd hui et depuis plusieurs jours, le blanc est jusque dans la vallée. Après un enième réglage de sac et optimisation de ma tenue, je bois et grignotte un truc, j’ optimise mon temps, la nuit tombe vite.
Je connais le sentier qu’il faut tracer. Je suis content qu’il est neigé si bas je n’ai pas à trainer les skis sur le dos !
16h30 Métral ,La nuit approche, je quitte vraiment le monde des humains. Ici le sentier de montagne commence, un mur se dresse dans le sentier des vaches. C’est dur de monter toutes ces vivres pour 4-5 jours d’autonomie !
A la sortie du bois vers 1200m, la tempête se lève et m’impose d’être prudent pour ne pas me perdre même avec une bonne connaissance du millieu. Tous les bosquets d’églantiers se ressemblent.
Je décide finalement par prudence (et aussi par grande fatigue !) de dormir à Sorgia d’en bas ( lien ).
Dans cette cabane pas de chauffage, pas de bois. Je fais donc tourner mon réchaud pour avoir de l’eau. Un litre, deux litres, trois litres pour boire ( tisane, soupe) et manger le soir ( polenta, fruits secs, fromage) et lendemain matin. Je me couche dans le froid de La Bergerie. 20H dodo
21h30 Des louveteaux viennent grater à la porte !!
Ha non m, c’est juste 5 jeunes qui sont de passage avant d’aller à Bizot ( lien objectif de départ)
Ils sont contents de ma trace jusqu’ici mais maintenant ils devront continuer seul vers le Haut !
JOUR 2
11/12/2021 Dénivelé 880+ 650-
6h30 Réchaud, tisane, café, ptit dej ( pain, beurre, polenta, fromage), faire le sac, balayer la cabane.
J’enfile mes habits et mes skis. Je me dis qu’ils ont dû galérer les jeunes ! Oui ! La tempête n’est qu’un souvenir, le temps est clair et l’acoustique typique de ces journées d’hiver !

La neige et souple, craque sous les skis. Les arbres grincent à cause de leur costume de glace ! Peu de traces d’animaux, seulement celles d’un écureuil et d’un lièvre au loin, tout le monde reste encore un peu caché.
Le chalet Bizot ( lien ) est chaud les jeunes ont mis 3 heures pour venir hier, ils ont fait la fête et sont surpris de mon arrivée!
Je laisse mes affaires et redescends récupérer un ami. Lui aussi monte de la gare mais par un autre sentier. La météo, un sac trop lourd et quelques erreurs d’itinéraire ont balayé ses ambitions de week end en cabane. La crève et une tendinite le font renoncer. Néanmoins, il me laisse des vivres Chocolat, huile, quinoa, fromage. Je remonte de Métral à Bizot en 1H30 pas besoin de m’arrêter, sauf pour questionner les randonneurs rencontrés qui montent aussi. Nous seront 18 ce soir ! 4 groupes ( 10+2+5 + moi seul)
Fin d’aprem tranquille entre corvée de bois, préparation de l’eau et des lits. Nous prenons le temps qu ‘il faut pour vivre le coucher de soleil.
La soirée s’annonce bruyante, alcoolisée et sans empathie envers les autres en général. Le groupe est monté avec son chien dans la réserve, sans laisse. La notion d’économie d’energie leur est inconnue temps pour la valeur bilan carbone d’aujourd’hui ( zéro déchet connait pas!) que pour leurs efforts déployés à monter des bouteilles en verre ! (Lien ffcam comportement adapté en refuge (lien)
Je me couche tôt, demain je veux faire un tour sur le haut et voir le lever de soleil.
Manque de chance le groupe préfère faire la fête et ils n’auront que faire des autres dormant au dessus…
JOUR 3
12/12/2021 dénivelé 790+ 790-
6h00 Debout comme les 5 jeunes louveteaux. On prend le temps de déjeuner puis d’observer le lever de soleil. Je leur raconte quelques histoires sur les sommets. Face à nous, seulement les Alpes, de la Jungfrau par les Dents du midi, le Cervin, le massif du mont Blanc jusqu’ au Dôme de Vanoise, les aiguilles d’Arves et pour finir avec la Belle Meije avec son doigt de Dieu bien visible.

Il faut partir, je laisse mes affaires dans un coin. Toutes rassemblées. Je pars vers le Nord pour pister des animaux. Mon rêve: croiser le Lynx ou au moins ses traces.
Ca m’est déjà arrivé il y a des années de ça non loin d’ici. Je trace sur les crêtes et j’observe longtemps à l’orée du bois en contrebas. Rien. Alors de nouveau, je me déplace, observations. Encore et encore jusqu’au chalet de Varambon. Aujourd’ hui je suis parti le sac allégé.
12h00 Varambon ( lien ) est une bergerie propre et sommaire. En limite de zone de quiétude et orienté ouest, j’ai y mangé le midi. Je repars pour aller vers la cabane du chalet du Sac ( lien )
Je me fais une belle trace depuis le crêt des frasses. Ici, on est sur le domaine de ski de Menthières ( lien ), la neige est excellente, la mer de nuages sur le Léman me fait penser à la dernière glaciation du Wurm. Il y a 50 00 ans, ça aurait pu être comme ça….
Il y a du monde sur la station et sur les crêtes. On est Samedi et ça se voit que les locaux aiment leur coin d’infinie.
Je reconnais bien des visages.
14h00 Le chalet du Sac (lien)a été rénové pour le plaisir des locaux par le SIVU du Crêt d’eau. Ici, il y a des bas flanc une table et surtout un poêle massif qui chauffe du tonnerre. Surtout avec tout le bois sec qui a été fait ! Merci aux bénévoles.
Mon inspection faite, pour une venue future, je rentre pour Bizot. J’évite soigneusement la zone avalancheuse qui, connue des locaux, piègeuse mais ultra petite, a emporté la vie d’un randonneur l’année passée.
Je retrace jusqu’au sommet pour observer face ouest en lisière quelques traces mais je profite surtout du soleil réconfortant jusqu’au soleil couchant.
Bizot, où tout parait meilleur, je fais à nouveau de l’eau, un feu, un casse croute, pour je décide de me changer et là, le drame. Mon sac d’affaires à décidé de repartir avec quelqu’un.e ! Passé la surprise, l’angoisse de faire sans des affaires que j’avais sélectionnées. Je fais le point : me manque: mes collants (haut et bas), mes maxi chaussettes en bouclettes pour la nuit, 1kg de polenta, un petit peu de vin rouge, ma scie, et mes sac Nilofume pour ranger mes habits !
Tant pis, en espérant que ces objets seront plus utile à la personne qui les possède maintenant.
Soupe, repas ( quinoa, choux, fromage…)
21h00 Sommeil
JOUR 3
13/12/21
6h30 Le réveil sonne.
Départ d’ici. Je mange, refais mon sac comme un rituel avec ce qui a été laissé de la soirée de l’avant veille, je fais un tri. Je prends que ce que j’aime, ce qui pourrait être mangé des Bizotines ( souris de Bizot) et ce qui rentre dans le sac !

Je repars blindé direction le sac avec une ou deux pentes à tracer.
Traces de renard, lièvres, chamois malgré la neige.
Dépose des affaires au chalet du sac pour la nuit prochaine.
10H00 Je fais une pause ici avant de déscendre récupérer mes deux parents ( la soixantaine, retraités, peu sportifs, le projet : « une nuit insolite, vivre l’aventure qu’est mon presque quotidien »)
Une descente rapide avec mes skis qui me procure juste assez de plaisir pour ne pas avoir regretter ce choix face aux raquettes !
11H30 Nous repartons donc du col de Menthières, par le GR direction le chalet du Sac ( lien). Des observations de grimpereaux des bois, de lièvres, et de chevreuils qui viennent se nourrir des bourgeons apicaux des saules. Ici,au dessus du col de Menthières un bosquet de frênes au millieu de la clairière. Il y a aussi des saules marseaux avec un peu d’eau non glacée. Seuls les animaux indigènes voient ce bachal, piscine d’eau vivante salvatrice pour les chevreuils, renards, lièvres… qui n’ont accès à l’eau que ici même avec le froid, la source coule. Aucune trace d’humain, ne vient au bord de l’eau. Comme ignorer ce lien avec la survie n’est qu’à peine observé.
Une montée régulière mais difficile jusqu à la cabane du téléphone (lien) bloquée par la neige, dommage je n’ai pas pris ma pelle aujourd’ hui.
Nous montons à notre ryhtme, pas de rencontre de la journée. Pas de bipèdes.
Au chalet, toujours le même rythme, bouger, récolter la neige ( sur le toit, pas de risque de pipi de randonneur, ni de caca de chien) faire de l’eau, grignoter, ranger nos affaires une sièste.
15h30 On décolle pour le coucher de soleil juste après la combe dangereuse. Une belle observation avec encore une fois les sommets des Alpes, pour nous tout seul ou presque. Les plus hauts sommets s’éteignent en derniers, comme tous les jours, le bleu devient nuit, comme tous les jours, Vénus arrive comme tous les jours, suivis de près en ce moment par Jupiter. Il est temps de partir. Nous vivons l’instant avec les yeux et avec les jumelles nous ne faisons même pas de photo. Le paysage est fou.
16H45 Vite rentrons avant de devoir allumer nos frontales.

17H30 Le poële ronronne à fond. Il fait 16° dans la cabane
18H30 La fatigue et l’heure précoce coupe la faim. Repas quinoa, choux, fromage, un verre de vin. Le repas est servis malgré ca !
Une soirée comptage d’histoires et on dort à 21H !
JOUR 4
14/12/2021
9h00 Réveil. Faut bien 12h de sommeil pour récupérer de cette effort. L’option levé de soleil à 6H30 n’ayant pas été retenue…
Ptit dèj, tisane, café. On refait le sac en prenant soin de tout ranger pour que tout rentre à nouveau et que j’ai le sac le plus lourd… La cabane est briquée, nettoyée, rangée, le bois rentré, nous laissons de l’eau dans la théière pour le prochain.

10h30 Décollage de la cabane pour reprendre le sentier d’hier à l’envers. Brigitte galère un peu à la descente. En raquettes la neige ameublie par une température douce de la nuit, elle s’enfonce. La neige botte un peu aux raquettes aussi. Malgré tout, la descente se déroule bien avec des observations de loge de pic noir et une moquette de chevreuil. Les histoires de chaines trophiques viennent agrémenter ces observations.
13h50 L’auto! Nous n’avons pas démérité ! Une belle rando pour certains et un beau trip pour moi.
Pas vue de traces de Lynx ou de Loup, ces animaux discrets ne sont donc pas passés là haut ces jours ci, en tout cas pas dans mon champs de vision. Je reviendrais une autre fois pour essayer, encore.
Dans notre société immédiate de l’ opulence, l’affut c’est peut être rien, jamais…
Les moments simples en montagne sont des éclats de vie primaires qui nous sautent aux yeux.
Les adaptations de la vie sauvage au milieu et au climat sont toujours riches d’enseignements et d’apprentissage. Les chamois grattants les pentes ventées, donc plus propices pour trouver de l’herbe car l’épaisseur de neige est très faible à ces endroits.
Le point d’eau salvateur dans la clairière.
Vénus, L’étoile du berger qui nous glisse l’envie de rentrer au chaud.
La simple tisane au coin du feu hydrate et réchauffe comme jamais.
La nourriture a un goût de sueur avec ces kilomètres parcourus dans le sac, elle m’aura réchauffé plusieurs fois !
Je remercie mes parents d’être venus avec l’envie de découvrir ma passion sans artifice.
Je remercie aussi ‘la tempête de neige ‘ dixit les voyageurs de la SNCF qui ont été surpris d’un épisode neigeux hivernal.
Je remercie Montania pour leurs conseils pour mon équipement.
En conditions difficiles, le principe ‘il n’y a pas de mauvaise météo il n’y a que du mauvais équipement‘ résonne comme un mantra.
J’aime ces moments simples de vie. Autour de choses essentielles avec assez de confort pour les considérer comme du luxe.
Contenu de mon sac 45l +, environ 15 kg
Tenue de nuit :
Un sac de couchage + un drap de sac thermo
Tenue de nuit : un collant haut+bas + paire de chaussettes
Tenue de jour :
ChaussettesX1, pantalon de ski de rando, t shirt merino manche longue X1, pull micro polaire, une doudoune synthétique légère pour l’effort, une doudoune de grand froid pour le repos, un tour de cou, un bonnet, des gants en duvet de repos, une paire de gants légère.
Popotte :
Couteau suisse, réchaud, du gaz en quantité suffisante avec de la marge en plus, gamelle titane, mug titane, petite cuillère inox, sel aux herbes, ail, huile, noix de différents types en snack, féculent de repas type polenta, soupe lyophilisée bio, un choux, des plaisirs type biscuits, chocolat…, et du vin rouge. J’avais oublié l’ail (!!)
Autres :
Briquet, 8m de ficelou, extrêmement petite, trousse de secours, scie, une bâche, un tapis de sol, une pelle de ski de rando, mon matériel de skis de rando ( Blizzard 0g95, fixations plume Guide, chaussures Scott cosmos), des lunettes de soleil, et un bon livre !
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