L’après-midi de mardi, le temps se découvre après la neige. C’est parfait, je prépare un itinéraire dans un vallon des Bauges pour y passer la nuit et retour demain à la maison. Ce confort de la nuit sous un tarp et d’un maigre repas froid. Je viens ici après la chute de neige de la nuit passée pour une futur itinérance bivouac pistage avec les copains.
Sur la route, je guette. Je vois aux jumelles une buse en train de grignoter une carcasse. Je chausse les raquettes et la découverte commence, ni à l’endroit prévu, ni au moment prévu.

C’est un renard, peaux pâtes et crânes sont présents, les os n’ont pas été broyés ce qui aurais été un signe particulier des attaques de loups. Les traces de rapaces me confirment la venue de la buse. D’ autres renards sont venus voir, ou peut être mangés.

J’observe la scène, mémorise l’odeur. Cette odeur plate de viande froide, de boucherie, de mort. Je ne sais pas qui a prédaté, c’était avant la dernière chute de neige au vue des traces peu nombreuses et que je ne vois pas de traces de sang dans la neige…
Je reprends la voiture et continue la route.
J’arrive au parking et je ne suis pas seul. Trois randonneurs ont eu l’idée de venir au fond de ce vallon froid, deux à pieds et un à ski. Il y a des empreintes de chiens aussi.

Rapidement, je constate la grosseur des traces de pattes. J’en suis sûr cette fois, ce sont des canidés parce que je vois les griffes dans leurs empreintes. Les deux traces sont alignés et coupent la courbe du chemin forestier, plusieurs individus ont marché dans ces deux voies. Je me rends compte que ses traces vont dans la même direction. Elles sont toutes venues face à moi. Je ne vais pas à leur rencontre. Je piste donc plusieurs canidés, qui ne sont pas joueur, et qui sont venus à la descente.
Je les suis qui se rapproche au pied d’un arbre, ça put l’urine. Il y a quelques poils aussi. Ils ont marqué leur territoire, ici sur cet arbre.

Au croisement, je laisse les humains empruntés un autre itinéraire.
Moi, je continue seul à remonter le temps, jusqu’à cette nuit ou au petit matin, quelques heures en réalité. Les crottes malodorantes énormes ponctuent les traces.
Ça y est un morceau de peaux de bête, 20 cm carrées tout au plus, mais je me dis que je vais trouver quelque chose. Il est posé la au milieu du chemin, il n’y a plus de chair.
Encore d’autre morceaux m’emmènent sur les lieux du crime, j’analyse les traces, je parcours le lieux, je fais mes hypothèses.
Quelques petites crottes, présence d’os et odeur puissante. Un bout de peau de chevreuil Une crotte fraîche déjà fouillé. Les traces de loups, d’urine, et de sang…
Les loups ont poursuivis un chevreuil dans la pente en descente plein sud. Ils ont tous traversés la rivière pour remonter sur quelques mètres en face orienté nord. Tous ça c’est passé très vite. Ils courraient tous après leurs propre survis. La mise à mort est la sous mes yeux.
Les traces de loups ponctuent la forêt. Je trouve les boyaux, de la merde sur une grande surface étalée, et une partie de sa peau. Elle est très bien nettoyée, je la récupère pour la tanner et la montré aux randonneurs que j’emmène. Et là, le sang rouge écarlate comme jamais vue, le « mister freeze » couleur sang animal, il y reste quelques éclats d’os et déjà la carcasse a été déplacé.
Le sang rouge écarlate les restes du chevreuil. Le contenu des boyaux ont été dispersés…
Je trouve pour tout compte : la mandibule inférieure, la dentition du haut et une autre patte le reste est dans les estomacs !
Impressionnant le nettoyage, voyage dans l’imaginaire. Ce film sur le monde sauvage se déroule depuis toujours.
L’ heure tourne et la météo aussi. Je m’en vais un peu plus loin trouver un endroit où dormir avec un point de vue pour la soirée. Je rêve.
En haut d’une clairière au-dessus d’un hameau, il y a des ruines de grange et le terrain est aplani.
Je ramasse du bois en économisant mes mouvements. Je monte mon campement en ajustant contre le mauvais temps qui est là et je m’installe.
Le feu est parti, il me réchauffe et je mange du fromage fondu sur du pain grillé. Je m’endors en ayant chaud malgré la neige qui me fond dessus.
La nuit sera ponctuée de bruits suspects, de déneigement du tarp et de rêves trop réels.

12h allongé et je me réveille, les morceaux de cadavres sont toujours pendus. Je n’ai pas rêvé pour ça.
Le réveil est rapide la pluie tombe. Je ne déjeune pas, je finis mon thermos d’eau et rentre à la voiture. Il me faut à peine deux heures pour la rejoindre.
A la maison je prépare les morceaux de sauvages tranchés par les crocs de loups pour les conserver.
Mes expériences en tannage sont modestes mais réussis. Mais celle-ci, est particulière, je passe après Eux. Voir les crocs qui ont tranché la peau, brisés les os. Mon opinel affuté et ma force sont extrêmement faibles comparés à ça.
Une fois finis je prépare déjà l’itinérance suivante avec les copains. Au même endroit. Pendant 3 jours…
Professionnellement et passionnément : Accompagnateur en Montagne et Jardinier Paysagiste.
Je navigue dans les montagnes depuis de nombreuses années. De manière sportive et naturaliste sur les crêtes du Jura puis dans les Alpes au sens large. Escalade, vélo rando, randonnée du vertige, ski de rando, randonnée raquettes.
J’ai voyagé au long cours en Asie et Nouvelle Zélande sac au dos à la découverte du vivant, et l’envie de guider des randonnées pour observer, arpenter le paysage est patiemment devenue une réalité.
Aujourd’ hui, je prends le temps d’herboriser, de déterminer, d’observer les adaptations des espèces face au climat, la météo, l’altitude, le tourisme, l’agro pastoralisme ou encore le loup.
J’ai des connaissances variées pour vous conter des histoires sur les habitants (inter-espèces) des territoires que nous traverserons. Mon domaine de prédilection étant quand même le monde végétal.
J’aime apprendre et imité les techniques ancestrales pour limiter mon impact sur le milieu que je traverse. Je me forme en ce moment au pistage et à la géobiologie.

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